La question de l’analyse profane selon Freud
Contexte historique et origine de l’ouvrage
« La question de l’analyse profane » est un texte majeur de Sigmund Freud, rédigé à Vienne en 1927. Ce texte s’inscrit dans un contexte particulier : l’année précédente, en 1926, le psychanalyste austro-américain Théodore Reik a fait l’objet d’une plainte pour exercice illégal de la médecine. À cette époque, la pratique de la psychanalyse par des « profanes », c’est-à-dire des personnes n’étant pas médecins, suscite de vifs débats, notamment en Autriche et en Amérique où l’on craint la prolifération de sectes et de charlatans dans le domaine de la santé mentale.
Présentation et enjeux de l’ouvrage
Dans cet ouvrage, Freud adopte la forme d’un dialogue fictif avec un « interlocuteur impartial » afin d’exposer la nature de la psychanalyse et de préciser les conditions nécessaires à son exercice sans mettre en danger les patients. La psychanalyse est définie comme le traitement des névroses à travers la « talking cure » ou cure analytique. L’analyste, s’appuyant sur sa connaissance de la culture et du fonctionnement psychique humain, interprète le matériel analytique fourni par le patient, que ce soit à travers les rêves, les associations libres ou les comportements.
Les conditions d’exercice de la psychanalyse
Freud insiste sur la nécessité, pour tout analyste, de suivre une formation de deux ans dans un institut spécialisé, complétée obligatoirement par une analyse personnelle. Il souligne que, si les médecins ont suivi un long cursus universitaire, leur formation n’inclut pas la pratique concrète de la psychanalyse. Selon Freud, le risque de charlatanisme est même plus important chez les médecins, car une mauvaise interprétation du matériel analytique peut nuire à la santé psychique du patient, bien que les conséquences soient généralement moins graves qu’un mauvais diagnostic médical.
La légitimité de l’analyste : formation et collaboration
Pour Freud, ce qui importe avant tout pour exercer la psychanalyse n’est pas d’avoir fait cinq années d’études de médecine, mais d’avoir suivi une formation psychanalytique rigoureuse et d’avoir achevé sa propre analyse. Ces deux exigences sont impératives, que l’on soit médecin ou non, pour obtenir le titre de psychanalyste et pouvoir exercer légalement.
Enfin, Freud insiste sur la nécessité d’une collaboration entre médecins et psychanalystes pour le bien-être du patient. Le médecin doit orienter vers un psychanalyste les patients souffrant de névroses, tandis que le psychanalyste doit diriger vers le médecin les personnes présentant des troubles mentaux graves, tels que la schizophrénie
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